Jean Benjamin Jouteur

Publié le par caromnemo

1 septembre 2019

  
Qu’il est profond l’abîme de la bêtise humaine !
Que de tortures improvisées, de maltraitances instaurées, de crimes engendrés, de violences gratuites commises en son nom, avec parfois la complicité active ou tout simplement muette de témoins gênés, voire approbateurs.
Bon sang que ça fait mal de voir un enfant souffrir, que ça choque de voir un enfant privé d’amour.
On sent monter en nous une saine colère qui ne demande qu’à exploser. On voudrait insulter la bête, on voudrait la frapper. On se retient, bien sûr, il est plus constructif de tenter d’expliquer, de convaincre, en un mot d’éduquer. Mais il est encore plus urgent d’accueillir les victimes, de les rassurer, de les mettre à l’abri, de les écouter… Et pas seulement avec nos oreilles. De leur répéter autant de fois qu’il faudra qu’ils n’ont rien de monstrueux ou d’anormal.
La différence n’est pas une tare, c’est un constat. Le plus souvent elle n’est pas choisie. Elle est là, c’est tout. Elle n’est pas facile à partager.
Alors quoi ? Faut-il qualifier les bourreaux de monstre ? Faut-il à notre tour les prétendre anormaux ? Faut-il les éradiquer ? En fait, pour faire simple, faut-il être plus cruel que la bête ? Sans doute pas ! D’ailleurs on se prend presque de pitié pour ces personnes arriérées qui, par leur comportement, prouvent que les êtres humains ne bénéficient pas tous du même degré d’évolution.
Ils souffrent aussi sans aucun doute. Au fond d’eux-mêmes, bien cachée dans les replis d’un inconscient inachevé, se cache cette règle universelle qui permet à toutes les espèces de perdurer : un parent, qu’il soit animal ou humain, protège sa progéniture au péril de sa propre vie, il l’accompagne, il ne la détruit pas.
Alors pourquoi tant de souffrance imposée ? Ces parents que l’on dit indignes pensent-ils réellement accomplir leur devoir ? Comment se tromper à ce point ?
Voilà peut-être la chose essentielle qui nous différencie du règne animal : Placer une parcelle, même minime, d’intelligence dans le cerveau d’un abruti dénué d’éducation, il l’utilisera comme il pourra, bêtement, à sa façon, salement, méchamment, persuadé qu’il est d’avoir raison.
Un grand nombre de ces questions sont posées tout au long de ce bouquin. La force de ce dernier réside dans le fait qu’il n’impose aucune réponse. Il raconte, il explique avec une pudique et discrète tolérance… Même envers « les méchants.
“C’est tout de même notre père, il nous a aimés avant l’alcool, avant la mort de maman” nous dit Tom.
Il ne cherche pas des excuses à son père, il tente simplement de le comprendre, même dans le fatras compliqué de ses blessures. Quelle belle leçon d'humanité il donne ! Son père est un homme brisé, une victime… Ça ne justifie pas son comportement, ça l’explique. Aura-t-il droit à une rédemption tardive ou est-ce trop tard ?
S’il arrive que Tom juge ses bourreaux, s’il lui arrive de les condamner, l’auteur demeure neutre. Il n’y a aucune leçon de morale. La vérité de la situation nous est livrée de façon abrupte, dans toute sa violence, son incompréhension, sa cruauté, sa laideur et sa bonne dose d’espoir.
C’est parfois naïf, parfois maladroit ou imprécis, il y a peut-être quelques invraisemblances dans la dernière partie, celle qui traite notamment de la thérapie, mais qu’importe ! Le message passe tout de même, il passe très fort ! Et d’ailleurs, c’est sans doute Tom qui, malmené, secoué, blessé, fait preuve de temps à autre, d’une certaine maladresse. On ne peut que comprendre. L’important, c’est ce qu’il dit, pas comment il le dit… Et d’ailleurs, la plupart du temps, il le dit très bien.
L’auteure ne fait que transmettre un témoignage. Un témoignage qui parvient à faire naître en nous ces maîtres mots ou phrases qui sont : “Survivre malgré tout, espérer encore et toujours, résister quoi qu’il arrive à l’oppression”
Mais ce que je retiens de ce bouquin sont d’autres mots, des sacrément positifs ceux-là : Résilience, reconstruction, amour.
Dans cette société qui trop souvent est le théâtre de violences dues à l’intolérance et à la bêtise, il est utile que ce récit soit lu et partagé.
Il pourra aider à prendre conscience de tous ces lots de souffrance qu’il est si facile d’ignorer, à ne plus sourire devant certaines situations de moquerie ou de harcèlement, à abandonner l’emploi de certaines expressions qui, bien ancrées dans le langage populaire, demeurent le reflet d’un état d’esprit inacceptable cautionnant presque inconsciemment un grand nombre de discriminations. Je ne citerai pas ces expressions, nous les connaissons tous et nous les employons souvent, moi le premier.
Vos lignes sont utiles, Caroline, et de tout mon engagement, je salue et partage votre message !
Sachez que votre combat est le mien !
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